Le consortium Forum of African Women Educationalists ou Forum des éducatrices africaines (FAWE) et le Laboratoire de Recherche sur les Transformations Économiques et Sociales (LARTES- IFAN) de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar au Sénégal a publié le rapport de son étude sur la promotion du genre en milieu scolaire à travers quelques pays d’Afrique, dont la République démocratique du Congo.

Au pays de Lumumba, l’étude a ciblé deux villes, notamment Kinshasa et Kananga au Kasaï central. Les données ont été récoltées entre mai et juillet 2023. Des experts de la Direction d’éducation à la vie courante et de la Direction du Partenariat du Secrétariat Général à l’EPST ont participé à l’étude comme personnes ressources. 

L’étude a fait recours à une méthodologie mixte, combinant à la fois des outils de collecte de données quantitatives et qualitatives. Sur le volet quantitatif, elle a administré 96 questionnaires à des élèves et 100 questionnaires à des parents d’élèves. Quant au volet qualitatif, elle a réalisé 45 entretiens semi-structurés, 6 récits de vie et 6 focus groups. 

Des résultats de l’étude montrent quelques avancées significatives et révèlent des faiblesses sur lesquelles des interventions institutionnelles et holistiques, en collaboration avec tous les partenaires éducatifs, sont nécessaires pour renverser la situation en faveur de l’éducation de filles. 

Des avancées significatives enregistrées

Sur le plan des avancées, l’étude note que :

  • Les parents (76%) sont les principaux responsables de l’éducation des enfants, en particulier de filles.  Plus de 2/3 des élèves interrogés ont avoué recevoir un soutien ou un encadrement à la maison pour leurs études (76,9% chez les garçons et 66,7% chez les filles) ;
  • La pédagogie est de plus en plus sensible au genre. En effet, 81,6% des élèves estiment qu’il n’y a pas de favoritisme des enseignants. L’ensemble des élèves enquêtés, filles comme garçons, se sentent libres de s’exprimer en classe. C’est la traduction du traitement égalitaire des enseignant(e)s vis-à-vis des élèves. 
  • La réduction des inégalités dans la répartition des tâches domestiques. Des élèves, filles et garçons enquêtés (78,6%) ont affirmé qu’ils sont tous concernés par ces tâches dans ce sens qu’ils réalisent des travaux domestiques.

Les filles  continuent à prendre soin du plus grand lot des tâches ménagères

Toutefois, l’étude souligne que des efforts certains devront être fournis pour juguler les faiblesses constatées telles que :

  • Le niveau de participation active en classe est élevé pour les garçons. Les filles se sentent encore inhibées. 
  • La répartition sociale inégale des tâches ménagères est encore prégnante. La vaisselle et la cuisine sont pour les filles. En revanche, le nettoyage des habits et d’autres travaux ménagers sont réservés aux garçons. Ceux-ci sont d’ailleurs plus nombreux (60%) à juger que ces travaux affectent négativement leurs performances scolaires, contre 44,4% des filles. La réalité demeure, cependant, plus dure pour les filles qui continuent à prendre soin du plus grand lot des tâches ménagères.
  • L’environnement scolaire n’est toujours pas sécurisé et inclusif. 66,7% des filles enquêtées n’utilisent pas les toilettes de leur école parce qu’elles ne sont pas propres. De même, 20% des garçons et 33,3% des filles ont été témoins ou victimes de violences basées sur le genre durant leur cursus scolaire. 
  • Les relents culturels défavorables à l’égard de filles sont toujours de mise. Selon les témoignages des filles interrogées, ce sont principalement les oncles/tantes soit (36,4%) ou les grands-parents soit (27,3%) qui s’opposent le plus à leur scolarisation. 

Au regard de ces résultats, un appel est lancé pour une prise en compte de la dimension genre dans les programmes éducatifs à travers un renforcement de capacités du corps enseignant à la pédagogie sensible au genre, mais aussi, de renforcer la participation des filles dans les clubs d’autonomisation en vue de promouvoir leur leadership et leur réussite à l’école.

L’étude note, en outre, la nécessité de renforcer les campagnes de communication/sensibilisation et de promouvoir une synergie d’action des programmes de promotion de l’éducation des filles en RDC.